planche publiée le 28 mars 2022

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Table des matières

Origine géographique : le caractère local de l’attraction mancelle

1Une enquête sur la vie et les pratiques étudiantes (EVEPE) adressée aux 1 992 néo-inscrits en 2019-2020 a permis d’identifier l’origine géographique des étudiants manceaux et leurs caractéristiques sociales.

2Sur les 523 étudiants ayant répondu au questionnaire (taux de retour de 26 %), les provenances (adresses parentales déclarées) soulignent le caractère local de l’attraction mancelle (cf. carte). 67 % des néo-étudiants inscrits en L1 en 2019-2020 sont sarthois d’origine et 19 % sont issus de la couronne de départements limitrophes. Seulement, 14 % de l’échantillon est issu d’un autre département français (8 %) ou d’un pays étranger (6 %). Si Le Mans Université capte des étudiants Bretons, Normands, Centrais ou encore Franciliens, la proximité, en distance-temps, avec les capitales de régions (Rennes, Nantes) ou ex-capitale de région (Caen) et Paris n’induit pas de report d’effectifs étudiants à Le Mans Université. L’établissement n’échappe pas à la logique de recrutement spécifique aux nouvelles universités qui ont moins favorisé le désengorgement des grandes universités que l’arrivée de nouveaux étudiants dans l’enseignement supérieur (DATAR, 1998).

Sources : Openstreetmap, Datagouv, données brutes de l'enquète « Vie et Pratiques étudiantes », 2021. ESO Le Mans.

Fig 1- Origine géographique des étudiants de Le Mans Université en 2019-2020

3Contrairement au public traditionnel de l’enseignement supérieur issu des PCS (professions et catégories socioprofessionnelles) les plus favorisées (Bourdieu et Passeron, 1964), ce sont les catégories moyennes (agriculteurs, artisans, commerçants, chefs d’entreprise et professions intermédiaires) et les employés qui sont les plus représentées à Le Mans Université, avec respectivement 30,2 % et 33,8 % de la part des inscrits (cf. graphique). Les employés sont surreprésentés par rapport aux chiffres de l’OVE (Observatoire de la vie étudiante) sur les PCS des parents des étudiants à l’échelle nationale (14,5 %), tandis que les cadres et professions intellectuelles supérieures sont sous-représentées puisqu’ils sont 32,4 % à l’échelle nationale contre 29,7 % pour Le Mans Université. En outre, la démocratisation de l’accès à l’enseignement supérieur ne profite pas pleinement aux enfants d’ouvriers qui restent encore largement sous-représentée à Le Mans Université (6,3 % des étudiants sont issus de cette PCS), et cela malgré une proportion importante d’ouvriers en Sarthe (28,7 %), face aux chiffres de la région Pays de la Loire (25 %) et encore plus du pays (12,7 %).

Sources : INSEE, 2018, EVEPE, 2019-2020. ESO Le Mans.

Fig 2- Répartition de la population active sarthoise et estudiantine de Le Mans Université par PCS en 2019-2020.

Fig 3-Le Mans Université en images.

Fig 4- Le campus du Mans, vue drone

https://atlas-social.univ-lemans.fr/art654universite/

Crédits : Bailly G., Charpentier S., vue drone 2022. ESO Le Mans.

Statut dans le logement : des étudiants ancrés dans le domicile familial

4Le recrutement fortement localisé de Le Mans Université se caractérise également par une proportion importante d’étudiants cohabitants, c’est-à-dire qui vivent encore chez leurs parents. Ils constituent 70 % des enquêtés, contre seulement un tiers (33 %) à l’échelle nationale (OVE, 2020). En déchargeant les étudiants du coût du logement et en offrant les conditions matérielles de la vie familiale optimales à la réussite des études (Grignon et Gruel, 1999), la cohabitation semble favoriser la poursuite d’étude pour les étudiants recrutés localement qui sont peu nombreux à profiter d’une autonomie résidentielle. Ils sont d’autant moins nombreux à profiter de cette autonomie plus on descend le classement des PCS. Ce sont près de 90 % des étudiants issus de la PCS ouvrière qui vivent encore chez leurs parents, contre 70 % des PCS les plus favorisées. Les étudiants les moins bien dotés sont assignés à résidence tandis que les mieux dotés entament l’expérimentation et l’apprentissage de l’autonomie, ce qui participe à l’acquisition des compétences nécessaires pour répondre aux attentes de l’enseignement supérieur (Gaviria, 2001 ; Coulon, 1997 et Van Del Velde, 2008). En outre, les étudiants décohabitants auront sans doute plus de facilité à faire l’expérience de la vie étudiante urbaine, puisque 71 % d’entre eux habitent la ville du Mans, contre seulement 32 % des cohabitants. L’assignation à domicile serait donc encore plus forte quand le lieu de résidence des cohabitants se trouve éloigné de la ville universitaire.

Julie Trémoureux, 2022 : « Le Mans Université : le maintien d’un recrutement local de premier cycle d’étude », in G. Bailly, A. Gasnier, S. Angonnet, Atlas Social du Mans [En ligne], eISSN : 2968-0247, mis à jour le : 24/05/2023, URL : https://atlas-social-du-mans.fr:443/index.php?id=654, DOI : https://doi.org/10.48649/asdm.654.